Assises : Agressé sur le front de mer de St-Pierre, un gramoune perd la vie pour 600 euros

Depuis ce lundi, cinq jeunes Saint-Pierrois comparaissaient devant un jury populaire pour répondre d’un vol odieux ayant entrainé la mort d’un octogénaire qui sortait tranquillement d’une soirée passée au casino, en octobre 2018. Tous encouraient la perpétuité. Le verdict vient de tomber.

Dans la nuit du 15 au 16 octobre 2018, Benjamin Lebon venait de s’adonner à un de ses loisirs préférés. Comme souvent, il venait de passer la soirée au casino de Saint-Pierre. Vers minuit, il avait quitté l’établissement pour rentrer chez lui. Malheureusement, plusieurs jeunes âgés de 25 à 30 ans lui étaient tombés dessus, attirés par l’argent qu’il pouvait avoir sur lui. Le gramoune de 84 ans avait 600 euros dans sa sacoche qu’il lui avait été dérobée au cours de son agression. Blessé, il avait été conduit en urgence à l’hôpital.  Un quart d’heure seulement après les faits, la carte bancaire de Benjamin Lebon avait été utilisée dans une station service. Les images du retrait avaient été immortalisées par une caméra de surveillance alors que d’autres permettaient de retracer le déroulement de l’agression sur le front de mer de Saint-Pierre. Cinq individus avaient été dénombrés et le véhicule dans lequel ils avaient pris la fuite avait pu être identifié par les enquêteurs.

Un lien de causalité entre l’agression et la mort apprécié par les jurés Le propriétaire de cette voiture avait été inquiété en premier. Les autres avaient logiquement suivi. Enfin, les investigations avaient permis de mettre  un nom sur les visages des mis en cause. Hamada Baco, Warren Romily et Landry Rivière avaient été accusés de vol avec violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner, Randy Laplagne et Loïc Etangsale de recel. Réfutant au départ toute implication dans cette tragique histoire, ils avaient bien été obligés d’admettre leur participation face aux images des caméras. Dix jours après son agression, Benjamin Lebon décédait à l’hôpital d’un infarctus. La question de savoir si son décès était en lien avec l’agression subie s’est nécessairement posée. L’octogénaire qui était en forme avant les faits avait subi une intervention chirurgicale suite à une fracture des cervicales causée par les coups reçus pour lui voler sa sacoche. Les suites de son opération s’étaient déroulées sans problème particulier jusqu’à ce que son état se dégrade et son brutal décès. Il est important de préciser par ailleurs que le gramoune avait subi quelques temps plus tôt une lourde opération du coeur. Tout au long des quatre jours d’audience, les avocats des accusés n’ont pas manqué de faire remarquer au jury populaire que les antécédents cardiaques du malheureux étaient, en à leur sens, la cause de sa mort.

Un contexte de violence, de consommation d’alcool et de drogues  “Le décès est naturel mais dans un contexte d’agression”, a confirmé le médecin légiste appelé à témoigner à la barre de la cour se gardant cependant de confirmer le lien de causalité entre les violences commises et les causes de la mort. Pas clair non plus, le positionnement des accusés longuement interrogés lors de l’audience criminelle. Difficile de savoir exactement si tout avait été prévu à l’avance et qui exactement avait frappé la victime dans un contexte de consommation d’alcool et de drogue chez des individus ayant, à l’exception d’un, des antécédents judiciaires. Face à la cour, Hamada Baco, tenu pour principal responsable des violences funestes, s’est montré peu à son avantage. Son attitude frisant l’insolence n’est pas passée inaperçue. Ce jeudi, l’audience a repris avec les réquisitions du parquet général. “On l’a laissé pour mort, gisant seul en pleine nuit. Puis, il a décliné de jour en jour jusqu’à ne plus parler. Même sa fille a dit qu’il n’était plus le même homme”, a résumé la représentante de la société. Pour celle-ci, ce sont bien le stress et la souffrance causés par l’agression qui ont fait basculer Benjamin Lebon vers la mort.

Il a décliné de jour en jour. A la fin, il ne pouvait même plus parler Pour Nathalie Le Clerc’h, le lien de cause à effet ne fait donc aucun doute, la loi indiquant qu’en cas de violences, il peut être “indirect”. Elle propose aux jurés de condamner Hamada Baco à 14 ans de réclusion, Warren Romily et Landry Rivière à 13 ans. 5 ans dont 2 avec sursis probatoire sont requis pour les receleurs,  Randy Laplagne et Loïc Etangsale. Le reste de la matinée a été consacrée aux plaidoiries de la défense. La cour s’est retirée vers 14 heures pour délibérer. A l’issue de deux heures de réflexion et de discussion, les jurés condamnent Hamada Baco et Landry Rivière à 13 ans de réclusion criminelle, Warren Romily à 11 ans. Randy Laplagne écope de 5 ans de prison dont 4 avec sursis. Loïc Etangsale est acquitté. Ils ont 10 jours pour faire appel de ce verdict.

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