Chronique judiciaire : Extorsion, vol et choc carcéral à l’affiche du jour

L’audience de comparution immédiate de ce mercredi était plutôt variée : de l’extorsion sur mineur, un voleur récidiviste et un multirécidiviste de conduite sans permis étaient à l’affiche. Comme dit le proverbe, “la fortune attise nos vices, l’infortune nos vertus”.

Extorsion sur mineur d’un iPhone 11 :  Le premier client du jour du tribunal judiciaire de Saint-Denis avait à répondre d’extorsion sur mineur et de menaces. Les faits se sont déroulés à Saint-Denis le 19 septembre. Un jeune majeur croise un jeune adolescent et le contraint à lui donner son téléphone portable. Pour le persuader de ne pas dire ‘non’ et de ne pas le dénoncer, il le menace de l’emmener avec ses dalons dans une cave pour le tabasser. Intelligemment, le jeune cède. Il dépose plainte quelques jours plus tard et donne suffisamment d’éléments à la police qui retrouve le mis en cause le 3 octobre. l’iPhone 11 est retrouvé chez lui. À la barre, le prévenu, âgé de 19 ans, reconnait avoir eu le téléphone mais ne pas l’avoir obtenu sous la menace. “Je lui ai demandé de me donner son portable car mes dalons le connaissent. Il me l’a donné car il avait peur mais je ne l’ai pas menacé. J’ai fait ça comme ça, je ne voulais pas lui faire de mal”, explique-t-il à la présidente qui reste dubitative. “Il reconnait avoir pris le téléphone mais sans menaces. C’est évident que ce n’est pas le cas. C’est bien de l’extorsion”, estime le parquet qui requiert 6 mois de prison avec sursis probatoire. “Il a toujours dit qu’il n’y avait pas eu de menaces, c’est la parole de l’un contre celle de l’autre”, répond la défense. Le tribunal suivra les réquisitions du parquet. Vol en récidive avec 9 mentions au casier : Le second prévenu est, lui, âgé de 20 ans. Il comparaissait pour le vol de deux bouteilles d’alcool et un téléphone dans un centre d’action sociale le 2 octobre à Saint-denis. Il est pris en flagrant délit par le gardien qui appelle la police. Il reconnait les faits, en même temps il n’a pas vraiment le choix, mais son explication laisse songeur : “J’étais énervé parce que ma mère n’était pas là. J’ai voulu prendre de l’alcool pour aller chez mon cousin. Je sais que ce n’est pas bien mais des fois, je ne sais pas pourquoi je ne peux pas m’en empêcher”. Multirécidiviste, il aborde l’audience avec 9 mentions à son casier ainsi qu’un sursis conséquent au dessus de la tête. C’est d’ailleurs son casier qui pousse le parquet à requérir une peine de 6 mois de prison avec un maintien en détention. La défense réplique qu’il a eu une enfance très difficile et violente : “une enfance difficile donne rarement une vie adulte facile”, plaide la robe noire. La présidente prononce une peine de 6 mois, comme demandée par le parquet, avec maintien en détention et révoque le sursis d’un an qui planait au-dessus de sa tête.  Conduite sans permis en récidive et, cerise sur le gâteau, des stupéfiants dans le sac :  Le dernier prévenu relève un peu le niveau, de l’âge seulement ! Il est trentenaire et voilà 11 ans qu’il comparait pour des infractions routières. Essentiellement de la conduite sans permis et par ricochet, conduite sans assurance. Le 2 octobre, il circule en moto, la sienne – cherchez l’erreur – quand il refuse de se soumettre à un contrôle. Pourquoi donc ? Parce que son passager ne portait pas de casque. Et aussi peut-être parce qu’il se baladait sans permis mais avec une balance de précision et 15 g d’herbe dans son sac. Résultat, le voilà devant le tribunal après une nuit à Domenjod.  “J’allais au travail. L’herbe je l’ai récupérée pour mon dalon. Je voulais la peser devant lui”, indique le prévenu à la présidente avant d’avouer qu’il allait jouer au foot. “Vous roulez sans permis, avec une balance de précision et de l’herbe, vous comprendrez qu’on se pose des questions ! On peut se demander si vous n’êtes pas un trafiquant”, l’interpelle la présidente. “Je travaille je ne suis pas un dealer”, répond le prévenu qui arbore un casier de 6 mentions dont 5 pour des faits d’infractions routières. “Quand on regarde, vous êtes un délinquant de la route depuis 2011. Ça fait 11 ans que cela dure ! Que doit faire la justice pour que ça s’arrête ?” fustige la magistrate.  “Pour lui, conduire est quelque chose de banal. Il s’absout des obligations liées à la loi. C’est moi qui lui ai délivré une convocation en mai dernier pour le 10 octobre pour les mêmes faits parce qu’il était inscrit au permis. Il n’a toujours pas de permis mais conduit toujours !” affirme la procureure qui demande 15 mois de prison dont 9 mois assortis d’un sursis, le maintien en détention et la confiscation de la moto. “L’infraction est caractérisée et reconnue, nous sommes là pour statuer sur la peine. Confisquez la moto mais ne prononcez pas de maintien en détention. Il faut qu’il puisse travailler. C’est la première fois qu’il passe une nuit en prison, il a bien compris ce qu’est d’être enfermé”, plaide la défense. Le prévenu peut remercier son avocate et brûler un cierge. Il écope de 15 mois de prison dont 9 mois de sursis mais n’est pas maintenu en détention. Le tribunal lui donne une dernière chance au regard du “choc carcéral” d’une nuit à Domenjod. La moto est confisquée. De plus, il lui est fait obligation de passer le permis. 

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