Le mandataire de la France Insoumise pour les élections législatives a annoncé les candidats officiels du Rassemblement Réunionnais. Mais des accords n’ont pas pu être réalisés sur toutes les circonscriptions. La Gauche y traitera la premier tour comme une primaire. La faute aux “égos”, déplore Jean-Hugues Ratenon, qui révèle à Zinfos974 les dessous de l’union (partielle) des Gauches à La Réunion.
Jean-Hugues Ratenon est l’un des architectes de la grande union de la Gauche à La Réunion pour les élections législatives. Il assure que ce qui a été réalisé est historique. – La constitution de la liste du Rassemblement Réunionnais a pris du temps. Deux semaines de plus que pour l’accord final en métropole. Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour rassembler 14 noms sur La Réunion ? “Il y a eu un phénomène que l’on n’avait pas vécu depuis la présidentielle de 1981 et l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir. Ce dernier avait réussi à mettre en place un programme commun autour du rassemblement de la gauche et des progressistes. Et c’est ce qui s’est passé au sortir de la dernière présidentielle : il y a eu ce rassemblement pour les législatives entre Europe-Ecologie Les Verts, la France insoumise, les socialistes et les communistes et d’autres organisations. Il fallait observer cela et attendre comment cela allait évoluer sur le plan national et sur la base de quel projet. Et comme nous ne sommes plus dans le schéma de 1981, avec des organisations purement locales, qu’elles soient antillaises ou réunionnaises, il fallait trouver la manière de décliner ça sur le plan local sachant que l’accord Nupes ne porte que sur les grandes organisations nationales. C’est pour cette raison que nous avons pris du temps pour trouver un équilibre. On n’a pas réussi à trouver totalement cet équilibre mais il fallait s’en rapprocher au maximum. Là où ce n’était pas possible, il y aura une primaire et tout le monde se retrouve au second tour.”
Mais l’union locale n’est pas intégrée dans l’accord national NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale). Pourquoi cette différence avec la métropole, Jean-Hugues Ratenon ? “Cette différence s’explique justement par cet atout local qui peut-être un atout aussi pour nous. Elle nous met en position de force mais la seule condition, c’est d’être capable de se rassembler après. Les candidats de l’Union populaire à La Réunion, dans ce rassemblement, vont siéger dans le groupe Nupes mais auront leur propre identité. Imaginez une majorité qui se joue à deux ou trois voix près… Cela veut dire que notre voix va compter encore plus que celles des autres. Nous sommes en Outre-mer avec nos problématiques et nos priorités qui peuvent être résolues par le droit commun et d’autres de manière spécifique.” “Le programme de la Nupes fixe le cadre des premiers jours de notre majorité et de l’application de nos mesures au premier jour, au second, au quinzième ou au centième jour. Aucune organisation politique, aucun candidat, ne donne autant de détails sur l’application concrète de leurs mesures.”
– L’Unité ne semble pas être le maître-mot de la Gauche à La Réunion. Le symptôme est : l’impossibilité de s’unir avant le premier tour. Quel est le nom de la maladie selon vous ? Et quel est le médicament ? “Le nom de la maladie, je pense qu’il y a un peu d’égo et une volonté d’hégémonie et de domination de certains. Concernant le médicament, c’est le bulletin de vote dans l’urne.” “Si je prends l’exemple de la 7e circonscription, il y a eu une conférence de presse où toutes les forces de progrès étaient présentes. Il y aura un meeting commun le 31 mai à Saint-Benoit où seront présents Huguette Bello pour le PLR, Patrick Lebreton pour le Progrès, Philippe Naillet pour le PS, etc…” “De mon côté, je participerai également à ces meetings unitaires comme celui prévu début juin dans la 4e circonscription. Chaque composante garde donc son identité et s’organise en fonction, mais nous avons tous un point commun, à savoir la défense du même projet, celui de la Nupes.”
Le Rassemblement Réunionnais semble plombé par une querelle entre plusieurs gauches. Le Parti de Gauche, le PS et le PLR se tirent dans les pattes depuis l’annonce des candidatures. Ces tensions sont-elles à l’origine d’une union plus tardive qu’en métropole ? “Il faut savoir qu’entre l’élection présidentielle où tout le monde était divisé et les législatives, il y a eu beaucoup de discussions pour parvenir à une union et à un projet commun en un temps record. Pour l’instant, il n’y a pas véritablement d’attaques, il y a des divergences et des nuances qui s’expriment ce qui est normal, c’est la démocratie.” “Il y a un accord sur un programme. C’est ce programme qui sera porté en avant. Après, sur les personnes, moi franchement ça ne m’intéresse pas. Moi, dès le moment où on a une majorité qui applique notre programme avec des mesures fortes comme le Smic à 1500 euros, la retraite à 60 ans, le revenu pour les jeunes, etc… Je suis partant car ce sont des retombées directes pour La Réunion.”
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