Que ne ferait-on pas par amour ? En réalité, la question qui est posée par le tribunal au jeune prévenu de 26 ans est : que ne doit-on surtout pas faire lorsque l’on aime ? La réponse coule de source : frapper sa petite amie.
“L’amour, on peut pas le contrôler”. C’est en substance ce que Jean D., 26 ans, explique au tribunal pour justifier les violences qu’il a commises sur sa petite amie le soir de la fête de la musique à Saint-Denis. Il est plus de 2h du matin lorsqu’il se dispute avec sa compagne en pleine rue et lui donne une danse*. Il l’attrape par le bras et violemment par le cou alors qu’elle hurle et pleure tant elle a peur. Fort heureusement, un couple qui assiste à la scène intervient pour sortir la jeune fille des griffes de son bourreau. Une patrouille de police passe, interpelle le jeune homme puis le place en garde à vue. Comme trop souvent, il a bu, beaucoup bu. L’ironie de la situation est qu’il a interdiction de contact avec sa petite amie pour des faits de violences dont il a été l’auteur en juillet 2021. Il est sorti de prison en avril dernier. On ne peut pas lui reprocher d’être malhonnête : il avoue à la présidente qu’il n’a jamais respecté cette interdiction. Arguant qu’on ne peut pas “contrôler l’amour”, il explique surtout que c’est l’alcool le fautif. Quand il ne boit pas, il n’est pas comme ça. En attestent les cinq mentions à son casier judiciaire dont quatre pour violences. Il a tout de même le mérite de reconnaitre entièrement les faits. “Je lui ai dit de me laisser mais il a continué. J’ai pleuré car il me faisait mal”, témoigne avec courage la victime à la barre. “Il reproduit les mêmes faits sur la même victime”, tance la procureure qui insiste : “Cela fait à peine 2 mois qu’il est sorti de prison et il recommence ! Je vous demande une peine d’un an de prison, la révocation totale de son sursis précédent et le maintien en détention”. Pour la défense, “il se comporte mal et a du mal à comprendre, mais si vous pensez qu’il s’en moque, ce n’est pas le cas. Il ne maîtrise pas sa consommation d’alcool car il est incapable de maîtriser son addiction. On ne traite pas ce genre de problème en prison car là-bas, ils passent leur temps à ne rien faire de leurs journées. Je vous demande d’avoir une vision moins carcérale que le parquet”, plaide la robe noire. Le délibéré est loin d’être “moins carcéral” : le tribunal condamne le prévenu à 18 mois de prison dont 6 mois assortis du sursis probatoire, révoque 9 mois du sursis précédent et ordonne le maintien en détention. * Donner une danse à quelqu’un : Le châtier, le battre.
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