Un Saint-Pierrois a été condamné par le tribunal correctionnel pour des faits de harcèlement sur son épouse. Après 25 ans de vie commune, le prévenu a eu des soupçons d’adultère, ce qui l’a poussé dans une spirale infernale et à faire vivre un calvaire à celle qui partage sa vie.
Après 25 ans de relation, 17 ans de mariage et quatre enfants, rien ne laissait présager une telle issue pour François* et Karine*. En 2020, la mère de famille tombe gravement malade et doit subir plusieurs opérations médicales. En février 2021, elle passe une IRM pendant que lui attend dans la salle d’attente. Il garde le sac et le téléphone de sa femme, mais un message va changer la relation à tout jamais. Un SMS arrive sur le téléphone qui provient d’un enseignant de l’école de leurs enfants. Dans celui-ci, il est écrit “Je pense à toi. Bisous”. François ne dit rien, mais va vérifier plus tard la réponse de sa femme qui répond juste qu’elle a peur des résultats. Le mari ne va pas demander d’explications sur le moment, mais va commencer à faire payer à Karine cette trahison supposée.
La descente aux enfers Les insultes vont commencer alors à devenir le lot quotidien de la mère de famille. Très impliquée dans l’association de parents d’élèves, elle doit cesser immédiatement, sans quoi il menace “d’aller tuer tous les parents d’élèves, les enseignants et le directeur de l’école”. Pour appuyer ses menaces, il va même acheter un pistolet Ball-trap, un sabre et une tronçonneuse qu’il va placer sur la table de chevet dans leur chambre. En plus de ces menaces, François va interdire à sa femme de sortir sans lui. Une fois, il va même soulever sa jupe pour vérifier les dessous qu’elle porte. La femme va même évoquer des violences sexuelles à la fin de la relation, puisqu’elle affirme ne jamais avoir osé lui dire non et s’être laissé faire. Des faits actuellement étudiés par le Parquet de Saint-Pierre pour d’éventuelles poursuites à venir. En avril 2022, Karine va finalement décider de porter plainte. Elle a perdu 34 kg en 15 mois.
“Juste pour faire peur” Face aux juges, François va jurer que les armes n’étaient là “que pour faire peur. Prendre l’arme pour tuer, ça je ne le ferais jamais.” Il explique ensuite que le message lui a fait perdre confiance en celle qu’il a soutenue pendant toutes ces années malgré les épreuves. “S’il n’y avait pas eu ce message, il n’y aurait jamais eu tout ça”, assure-t-il. Il avait pourtant confié aux enquêteurs qu’il savait qu’elle ne l’avait pas trompé. Me Ben Ali Ahmed rappelle que sa cliente s’était évanouie à l’énoncé des faits lors du premier procès renvoyé. Il a donc demandé à Karine de rester hors de la salle d’audience, afin de ne pas revivre cette situation. “Elle a fait plusieurs AVC, mais elle tient à être là pour entendre justice”, souligne-t-il. Le conseil estime que le prévenu “fait partie de cette catégorie d’hommes qui prennent les femmes pour des objets”. Il demande donc des mesures d’éloignement et 5000 euros de dédommagements pour le préjudice moral. Un point de vue partagé par la procureure qui estime “qu’il la chosifie. On peut comprendre la douleur ressentie lorsqu’on pense être trompé, mais cela doit se régler sans violence, car elle a légalement le droit. C’est la liberté qui doit l’emporter et il doit l’entendre”, surenchérit la parquetière. Elle requiert donc 10 mois de prison avec sursis, une obligation de soins et l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, garantie par un bracelet anti-rapprochement.
Pas de menace de mort Le bâtonnier Norman Omarjee, qui assure la défense de François, ne remet pas en cause les faits de harcèlement. “Il y a une souffrance réelle que je ne conteste pas et dont je suis venu prendre condamnation”, affirme-t-il avant de remettre en cause les accusations de menace de mort. L’avocat va insister sur le fait que les menaces de mort sont dirigées vers le personnel de l’école, mais non contre la victime. Il insiste sur le fait que l’affaire est jugée en comparution immédiate afin de protéger ceux qui fréquentent l’établissement scolaire, mais dont aucun ne s’est porté partie civile. “Le dossier est suffisamment triste pour ne pas en rajouter. C’était une relation formidable pendant 25 ans dont il ne restera que 14 mois de torture. Mais je vous assure que tout ça a provoqué une vraie prise de conscience chez lui”, conclut-il sa plaidoirie. Des arguments qui ont poussé le tribunal à le relaxer pour les faits de menace de mort. Concernant le harcèlement, il est condamné à 10 mois de prison avec sursis et ne doit avoir aucun contact avec la victime. Il doit également la dédommager à hauteur de 5000 euros. * prénoms d’emprunt
www.zinfos974.com